Il faut savoir que Calamocha est une commune espagnole située dans la province de Teruel, dans la communauté autonome d’Aragon. Y vivent un peu plus de 4000 personnes, dans la zone est de l’Espagne. S’y trouve, notamment, un Lycée appelé IES Valle del Jiloca (Jiloca étant le nom de la rivière y passant, affluent de la rivière Jalón et ce dernier étant lui-même un affluent de l’Ebro). Ce Lycée se trouve être le lieu où nous allions être accueillis : du lundi au vendredi pour moi ; trois semaines pour Gabriel et Choline.

Ainsi, lundi matin, après un dimanche de voyage allant de Saint-Pierre-Lès-Nemours à Calamocha en passant par Barcelona-Sants et Saragoza-Delicias et un dîner avec Nuria, sa fille, son mari et Gabriel, je me rendis au lycée. Suivant l’emploi du temps que Nuria m’avait concocté, je pus me rendre à 8 h 30 dans un cours de Lengua y Literatura avec Ester, en Cuarto de la ESO (4° A), pour enchaîner ensuite avec un cours d’espagnol langue étrangère avec Paula et son élève ukrainien, puis avec Mercedes en Lengua y Literatura mais cette fois, avec les 3° B. Après la récréation, d’une durée de trente minutes, où la plupart du temps les enseignants qui le souhaitent vont dans un des nombreux bars du coin prendre un café ou manger un sandwich au jambon ou un pintxo de tortilla, j’assistai à Actúa avec Lucía, au cours de Lengua y literatura avec les 4° B et Ester, et enfin au cours de français langue étrangère avec les 2° C et Nuria.


Il est nécessaire de s’attarder sur le dispositif Actúa, qui est à destination des élèves décrocheurs, n’aimant pas l’école. Certains de ces élèves ayant des troubles du comportement et n’arrivant pas à suivre. Ainsi, ce dispositif permet ponctuellement, durant la semaine, d’offrir à ces élèves un apprentissage plus manuel et pratique dans les bâtiments de la voie professionnelle (FP, formación profesional). Ce jour-là, seulement deux élèves, Dylan, discret, ne posant jamais de problèmes ; Iris, hyperactive, présentant des problèmes de concentration et ne pouvant s’empêcher de papillonner, de bavarder constamment. Pour eux, ce dispositif représente une bulle d’oxygène : une façon de les valoriser et de les sortir momentanément d’un système qui ne leur convient pas. C’est également le lien avec l’enseignant qui est différent : plus de confiance. Ce jour-là, nous fîmes ensemble une pâte brisée pour une quiche lorraine.
Après cette journée de cours, qui dans cet établissement finit à 14 h 20, Paula m’emmena avec elle covoiturer avec des collègues afin d’aller à Teruel, ville assez connue pour son architecture mudéjar (on y trouve trois tours en excellent état) ainsi que pour la légende des Amants de Teruel et, plus tristement, pour son vécu durant la Guerre Civile espagnole (1936-1939). C’est avec Paula que je pus visiter la ville, « sa » ville, comme elle le dit si bien. Une ville superbe.


Le lendemain, mardi 14 janvier, je pus assister à de nombreux cours de Lengua y literatura et deux cours de Français Langue Étrangère (FLE), puis manger dans un restaurant du coin, tandis que le mercredi 15, je pus notamment visiter le CRIET, le Centro Rural de Inovación Educativa de Calamocha, dispositif financé par la Comunidad de Aragón et qui répond à un besoin territorial. En effet, certains villages ont des écoles ouvertes pour une poignée d’élèves. Ainsi, pour favoriser la sociabilité et offrir des activités nouvelles, les élèves de ces écoles se rassemblent une ou deux semaines plusieurs fois par an, dorment ensemble, mangeant ensemble, jouent ensemble et préparent des projets. Le jour de ma venue, je pus les voir jouer et préparer un projet de comédie musicale sur le thème d’Aladin. Les encadrants sont des enseignants qui font la demande d’un poste au CRIET. Il me semble que chaque contrat dure trois ans. Cela leur permet de travailler avec d’autres niveaux et d’avoir une relation différente avec les élèves. Je fus magnifiquement accueillie dans ce lieu, aussi bien par les enseignants que par les enfants. Après cette découverte et après avoir mangé de la seiche au repas, je me rendis à Radio Calamocha, la radio locale, pour m’y faire interviewer avec Nuria, par une journaliste. J’évoquai notamment l’importance de ce type d’échanges pour les élèves d’un point de vue culturel et linguistique, mais également les différences entre les systèmes éducatifs français et celui espagnol.






Le jeudi, je me rendis dans un Colegio, où étaient présents les niveaux de la maternelle au collège, peu ou prou. Accueillie par la directrice, j’eus le droit à une explication et à une visite complète de l’établissement et des points d’amélioration en cours, tant du point de vue des infrastructures que des méthodes d’enseignement. Ensuite, j’assistai à deux cours dans deux niveaux différents. Je fus étonnée de voir que des enseignants d’EPS (ou d’autres matières) puissent enseigner en primaire toutes sortes de matières, et que cela dépende des années et des nécessités de service. J’appréciai les échanges avec les élèves les plus jeunes, leur spontanéité et leur curiosité. Après ces observations, on m’offrit un aimant au logo de l’établissement, puis je rejoignis Nuria et Paula afin de manger avec elles au restaurant. Le soir, on m’invita à aller boire un coup dans un bar, avec des collègues. Je m’y rendis avec plaisir : bar, restaurant puis bar à nouveau, jusqu’à deux heures du matin. Une bonne tranche de rigolade, de la fatigue pour le lendemain, mais pas de regrets.




Enfin, vendredi, dernier jour à Calamocha pour moi et donc dernier jour de cours. J’assistai à plusieurs cours. Durant le cours de Roberto, puisque nous avions eu l’occasion de discuter littérature ensemble, nous tînmes sur une partie de cours, une discussion autour de ma passion de la littérature, de ma conception de la lecture, de moi en tant qu’enseignante… les élèves eurent l’air très intéressés qu’une personne aussi jeune comme moi ait des goûts si différents des leurs, en tout cas partiellement. C’était un moment très agréable et passionnant pour tous. Tous les autres cours se déroulèrent également à merveille.

Enfin, je profitai du vendredi soir pour parcourir la route littéraire de Calamocha, longeant la rivière. Coucher de soleil, grue, panneaux informatifs sur la littérature… que demander de plus ?
Samedi : c’est le départ ! Nuria vint me chercher pour m’amener à la gare routière afin de prendre un bus pour Saragosse. De Saragosse, je pris ensuite un train pour aller à Barcelone, où je passai le reste de la journée. Je déposai mes affaires dans une chambre chez l’habitant (AIRBNB) puis j’allai manger vénézuélien dans un restaurant proche. Un délice et une belle découverte gastronomique. Ensuite, je me dirigeai vers le centre de la ville pour voir diverses choses : l’extérieur de la Casa Battló, de la Casa Amatller et de la Casa Lleó Morera, devant lesquelles étaient agglutinés de nombreux touristes. Je fis un tour à la boutique de la Casa Battló puis je me rendis, toujours à pied, à la Sagrada Familia, construite par Antoní Gaudí. Si je ne vis pas l’intérieur, j’observai, du moins, pendant près d’une heure et demie l’extérieur de la Cathédrale moderniste : une pure merveille architecturale. J’achetai des souvenirs, du turrón et je fis quelques emplettes dans une grande librairie et dans un magasin de jeux de société. La soirée s’acheva pour moi par une marche nocturne pour ensuite manger dans un restaurant brésilien, cuisine que j’affectionne particulièrement et qui était succulente et très généreuse.
Le lendemain, je repartis en TGV jusqu’à Paris, bien plus chargée qu’au retour, et je pus enfin me reposer.




Guilliane Thiebault, enseignante d’espagnol.
Financé par l’Union européenne. Les vues et opinions exprimées n’engagent que leur(s) auteur(s) et ne reflètent pas nécessairement celles de l’Union européenne ou de l’Agence Erasmus+ France / Education Formation. Ni l’Union européenne ni l’autorité chargée de l’octroi ne peuvent en être tenues pour responsables.